Long de 8 km, le Ruisseau du ou de Stordoir dont la source se situe sur la commune de Beugnies traverse Sars-Poteries, Dimont, Wattignies-la-Victoire et se jette dans la Solre à l’extrémité nord de Dimechaux, limite Damousies.
Le Moulin Delmotte
Charles Montay et Marie Louise Tricot font construire un moulin à deux tournants au lieu-dit « Près des Crayaux » en 1790 sur le ruisseau du Moulin ou ruisseau du Stordoir.
Leurs héritiers vendent le moulin à leur frère Isidore le 20 mai 1813 qui meurt le 16 novembre 1831. Sa veuve Aime-Thérèse Provoyeur et ses enfants le cèdent à Pierre-Joseph Wiart propriétaire à Liessies époux de Marie-Marguerite Petit le 26 janvier 1832. Le moulin est loué à Parmentier le 8 février 1832 puis à Xavier Richet le 16 avril 1844. Pascal Montay fils d’Isidore le loue à partir du 1er Janvier 1847.
Ludivine Wiart (1811 1862) fille du couple Wiart Petit hérite du moulin en 1837. Son époux Xavier-Antoine Richet qui est le meunier du lieu fait le 15 Février 1862 une demande de régularisation de son moulin qui est réglementé le 28 mars 1863. Un déversoir a été construit et les deux roues par-dessus, l’une d’un diamètre de 2,936 m et l’autre 2,666 m, actionnent chacune une paire de meules.
Le moulin est acquis pour 4/5 e par Alexandre-Prosper-Amédée Richet, époux de Zelmire Thomas en 1882. Le 20 avril 1899, l’ingénieur se rend au moulin pour remettre le repère qui était tombé dans le fond du bief.
Le 5 avril 1903, le moulin est acquis par le fils Albert Richet. Il y travaille pendant 25 ans et échange les deux roues par une seule en bois et en fer. Dès 1920, il ne produit plus de farine mais de la mouture de céréales secondaires pour l’alimentation animale. Il transforme la grange en silos à grains.
Son gendre, Arthur Delmotte, de Ferrière-la-Grande achète le moulin le 7 mars 1928. Il démonte en 1958 la roue pour cause de vétusté et la substitue par une turbine à axe vertical qui actionne trois paires de meules. Il installe en 1961 un appareil de broyage moderne.
Arthur Delmotte, malade, meurt le 13 février 1964, après l’arrêt du moulin le 30 juillet 1963.
A partir de 1972, le moulin est ouvert au public car il est l’un des très rares à avoir conservé ses meules en parfait état.
En 1982 grâce au concours de l’ARAM qui a su obtenir des subventions la toiture des bâtiments est refaite.
La veuve d’Arthur Delmotte, Berthe Richet en est propriétaire jusqu’à sa mort survenue le 11 avril 1994 à l’âge de 89 ans. Une de leurs deux filles, Annette, demeure au moulin, organise des expositions et raconte l’histoire de son moulin comme nulle autre. Elle y décède le 25 avril 2014. L’Avesnois a perdu une forte et belle personnalité.
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Le Stordoir compte à Sars-Poteries un affluent qui a porté à travers le temps différents noms : le ruisseau du Courtemain, du Baty et de nos jours du Lepet. D’amont en aval, il faisait mouvoir en 1873 une brasserie et une verrerie dès 1802.
La brasserie
Emile Hazard, propriétaire à Beugnies, sollicite le 12 mars 1873 l’autorisation de pouvoir ériger une brasserie sur le territoire de Sars-Poteries section A sous les n° 803 et 804, et qui serait exploitée au moyen d’une roue hydraulique mue par le ruisseau du Baty.
La demande est envoyée à l’ingénieur en chef le 26 mars pour instruction. Une première enquête est ouverte du 4 au 29 avril, à Sars-Poteries dont le maire donne son assentiment, et du 4 au 25 mai à Beugnies où elle obtient aussi l’accord du maire. Le sous-préfet valide le projet le 31 mai. La visite des lieux se tient le 26 juillet. Cependant le 13 août, l’ingénieur en chef ne valide pas le rapport de l’ingénieur, ne le trouvant pas conforme à la circulaire du 23 octobre 1851. Une deuxième enquête se tient du 7 septembre au 25 décembre. Elle ne fait l’objet d’aucune opposition. Emile Hazard est alors autorisé à construire la brasserie par arrêté préfectoral du 14 janvier 1874. Le procès-verbal de recollement a lieu le 5 février 1876 : les travaux sont exécutés sauf le déversoir.
Emile Hazard y fait de la bière jusqu’en 1914, date à laquelle la brasserie est démontée par les Allemands en vue de récupérer le cuivre. Maurice Durieux la rachète après la guerre et en fait un moulin à grains en 1920 jusqu’en 1930, date de son décès. Sa fille Yvonne épouse Maufroid en hérite puis son fils Jean.
La Verrerie
La verrerie de Sars-Poteries est créée en 1802. Le 28 février 1853 Pierre-François Dumont maître de forges à Ferrière-la-Grande, écrit au sous-préfet et demande l’autorisation d’installer une turbine dont l’objet est de faire marcher des tours destinés à polir le verre. Le 30 juin, l’ingénieur ordinaire visite les lieux et les décrit : « La verrerie et le haut-fourneau de Sars-Poteries, appartenant à M. Dumont de Ferrière sont établis sur la rive gauche d’un cours d’eau nommé ruisseau de Courtemain, formé par la réunion d’un certain nombre de sources provenant des petites vallées voisines. Pour le besoin de ces établissements, deux barrages ont été établis dans le lit du ruisseau, l’un destiné à en conduire les eaux par un canal en partie couvert dans quelques ateliers, l’autre, plus en aval, servant à donner l’impulsion à une turbine correspondant à l’atelier des tours et du polissage. Le Sr Dumont n’est pas propriétaire des deux rives, mais les Srs Wallerand et Buisset, à qui appartiennent les prairies formant la rive droite du cours d’eau ont déclaré consentir à l’établissement du barrage de la retenue à la condition d’être indemnisés, le cas échéant, des préjudices que pourraient leur occasionner la retenue des eaux. La vanne n° 1 de prise d’eau, a une largeur de un mètre dix sept cent. Et relève le niveau de l’eau d’une hauteur moyenne de quatre-vingt deux centimètres. La vanne n° 2 destinée à retenir les eaux motrices de la turbine a une largeur de un mètre dix neuf centimètres et détermine une chute que l’on peut estimer en moyenne à deux mètres soixante quinze centimètres ».
Dans son rapport du 13 juillet, l’ingénieur nous apprend que l’usine tourne avec cette turbine depuis 6 mois environ, et qu’en aval à 552 mètres plus bas existe le moulin du Sr Dubois à deux tournants, maintenu en activité pendant la plus grande partie de l’année.
Un arrêté préfectoral du 26 juillet ordonne d’ouvrir l’enquête de 20 jours, du 5 au 25 août. Le 10 août, Xavier Richet, filateur à Fourmies écrit son opposition et est prêt à les poursuivre devant les tribunaux … Pascal Montay, meunier du même moulin, s’y oppose aussi le 16 août. Une seconde enquête se tient du 15 décembre au 10 janvier 1854. Par son rapport du 24 avril 1854, l’ingénieur affirme que les oppositions ne sont pas fondées car leur usine n’a aucune existence légale, n’ayant pas fait l’objet d’un règlement administratif. C’est certainement pour cette raison que Xavier Richet va demander la réglementation de son moulin quelques années plus tard. Les barrages et la turbine peuvent être conservés par arrêté du 3 juin 1854. La turbine fonctionnera jusqu’à l’électrification vers 1906. La verrerie connait une activité très importante mais ferme cependant ses portes en 1937. Elle est vendue à un fabricant d’engrais puis à une entreprise de construction mécanique qui ferme en 1960.
Reste de cette période les « bousillés », des objets en verre réalisés par les ouvriers durant leur temps de pause, que l’on peut admirer dans le musé du verre de Sars-Poteries. Celui-ci fondé par l’abbé Louis Mériaux voit en effet le jour en 1967 avec une première exposition consacrée à ces « bousillés ».
Le moulin de Dimont est déjà cité au XIV e siècle. Il appartient avant la Révolution au duc d’Orléans. Acquis par Jean Pierre Noiret d’Avesnes puis en 1793 par Adrien Gras, ce dernier en vend la moitié en 1806 à Joseph Amand Hazard et Marie Ursule Lecat son épouse. L’autre moitié est vendue en 1816 à Amand, Marie Joseph et Sophie Hazard.
Ferdinand Herbecq (1781 1862) marié à Rosalie Philippe (1785 1830) devient le propriétaire en 1828 du moulin. Sa petite fille Marie Elvina épouse de Georges Augustin Dequesne, clerc de notaire, en hérite vers 1875. Georges devient meunier et exerce toujours le métier en 1906. Le fils Alfred né en 1876 prend le relais mais le moulin ne fait plus de farine dès 1914. On peut encore admirer le bâtiment.
Le moulin à eau de Wattignies-la-Victoire porte le nom de Stordoir en référence à Tordoir ou moulin à huile. Il a en effet deux roues dont un tournant qui sert à « écoudre l’épautre et à moudre les graines pour l’engrais des bestiaux ».
Ce moulin dont la reconstruction remonte en 1746 appartient sous l’Ancien Régime au seigneur, dont le dernier est Charles-François-Albert-Joseph De La Barre, demeurant à Bruxelles, et qui le vend à la date du 24 prairial an 13 (13 juin 1805) à Pierre-Célestin-Joseph Noël.
Jean-Joseph Carnoye en est le meunier en 1796 puis en 1806 son fils Jean-Baptiste qui décède en 1820, célibataire. Le moulin est acheté par Jean Baptiste Buniau +1833 et sa femme Benoite Caroline Flayelle. A son décès en 1845 les héritiers sont son frère Fidèle, sa sœur Sophie Louise et ses neveux et nièces. Le meunier est Henry Louis Flayelle (1815 1855), l’un des neveux, marié à Rosalie Guislin. Celle-ci devient propriétaire du moulin après s’être séparée de son mari en 1852.
Le moulin est mis en vente par licitation en 1862 et acquis par Frédéric-Dieudonné Sury, meunier époux de Coralie Soumillon. Il est de nouveau mis en vente en juin 1874 et comprend deux paires de meules, dont une montée à l’anglaise.
Il est acquis par Alexandre Bultieaux, maire de Dimechaux et époux d’Odile Anastasie Lebeau. Alexandre se plaint auprès du préfet en juillet 1887 en écrivant que l’établissement de la ligne du chemin de fer de Fourmies a Maubeuge a « détourné plus ou moins le lit de la rivière pour la construction d’un pont à une distance de cent cinquante mètres du moulin du Stordoir… et que la courbe donnée à la rivière ayant été munie d’une digue en maçonnerie assez solide au moment de l’établissement de la ligne, mais pas solide assez pour résister à la force de l’eau, laisse aujourd’hui passer une quantité… » . Cette digue lézardée menace selon lui l’activité de son moulin, faute d’eau. Après plusieurs rapports des ingénieurs, le dernier daté du 7 décembre conclut qu’il faille porter l’affaire devant les tribunaux…
Le moulin est loué le 1 er novembre 1888 à Alphonse Hazard époux de Juliette Bultieaux fille d’Alexandre et d’Odile Anastasie. Alphonse Hazard-Bultieaux se plaint le 11 janvier 1901, qu’un éboulement de talus empêche les eaux d’alimenter son moulin.
L’ingénieur, le 6 février 1901 affirme que c’est la Compagnie du Nord qui doit effectuer les travaux. Le préfet écrit le 2 mars aux administrateurs de la Compagnie qu’ils doivent les exécuter. Le 16 mars 1901, ils informent le préfet que les travaux ont été faits le 18 février dernier.
Leur fils Jules Hazard, né en 1882, époux de Laure-Marie-Renelde Meunier devient le propriétaire du moulin après la première guerre mondiale. Il agrandit le moulin en 1920 et remplace la meule à farine par trois appareils à cylindres, puis par cinq en 1953. Il monte également en 1928 une roue en fer d’un diamètre de 3,50 m sur 1,60 m de largeur. A sa mort en 1959 sa veuve poursuit l’exploitation, suivie en 1961 de ses fils, André-Emile et Amand. Un incendie survenu le 13 juillet 1963 détruit totalement le moulin. Il est reconstruit. Grâce à l’ARAM le moulin de Jean Claude Hazard est équipé d’une nouvelle roue à la fin des années 1980. Malheureusement le 3 janvier 1993, le moulin subit un nouvel incendie et s’en est fini de l’activité meunière. Le bâtiment existe cependant encore. La cour comprend deux autres bâtiments, l’un faisant office de grange et l’autre d’étable.