La Rhonelle prend sa source dans la forêt de Mormal au lieu-dit « carrefour de la Rouillie aux Equettes ». Elle passe à Locquignol, Herbignies (hameau de Villereau), Potelle, Villereau, Le Quesnoy, Villers-Pol, Maresches. Elle quitte alors le territoire de l’Avesnois et se dirige vers Artres, Famars, Aulnoye-lez-Valenciennes et Marly avant de se jeter dans l’Escaut à Valenciennes.
La Rhonelle quitte Locquignol pour arriver à Herbignies, hameau aujourd’hui de Villereau.
Elle y croise un moulin qui appartenait à la Cense d’Herbignies, biens dépendant de l’abbaye d’Hautmont. En 1762, le censier était Thomas Brasselet, successeur de la veuve Wibail. En 1776 André Paré louait alors l’endroit.
La construction actuelle doit remonter au début de la Révolution. Elle appartenait alors à Emmanuel Duwoz, juge au tribunal du Quesnoy, qui la vendit le 28 mai 1795 à Jean Baptiste Bernier de Salesches. Elle passa ensuite entre les mains de Marc Philippe Haca marié à Aimée Thérèse Jénicq qui effectua le 6 octobre 1803 la vente de 6/7 du moulin à son frère Charles Haca marié à Nathalie Bouly. Ce dernier décéda à Villereau le 9 mai 1832.
Les meuniers successifs furent ensuite Jean Joseph Delette puis en 1847 sa veuve Marie Joseph Dupont, puis en 1854 leur beau fils Emile Bureau. En 1868 le moulin était la propriété d’Anicet Dutrieux, cultivateur marié à Virginie Caroline Lussier puis en 1875 à leur fils René 1845 1913, meunier de profession, marié en 1878 à Anaïs Anastasie Dazin. Le moulin brûla vers 1890 mais il fut restauré. Après la première guerre mondiale, le moulin ne fonctionnait déjà plus et Octave Dupont occupa la bâtisse et remplaça le toit de chaume par des pannes. Dès 1926 Marcel Richard y résida en tant que cultivateur. Il essaya en vain de remettre le moulin en route pour faire de l’électricité. Sa fille Madeleine lui succéda. Les vannes du moulin disparaissèrent vers 1940.
La Rhonelle suivant son cours sur en direction de Potelle alimentait ensuite un moulin à l’extrémité nord de cette commune.
Il était pourvu d’une roue en dessus de près de trois mètres de diamètre compte tenu de la hauteur de la chute qui faisait 7 mètres.
Le moulin appartenait au seigneur Maximilien Joseph Alexandre Dominique de Carondelet Potelle né en 1724 et marié en 1756 avec Marie Josèphe Thérèse d’Aigneville. Le meunier était Nicolas Wilmart et il est fort probable qu’il l’acheta lorsque le bien fut confisqué à la Révolution. En tout cas sa veuve Marie Rose Montay le possédait en 1806. A son décès en 1810 elle laissa le moulin à ses enfants qui le vendirent à l’ancien seigneur indiqué ci-dessus. Celui-ci le céda immédiatement par bail emphytéotique le 14 novembre 1810 à Joseph Toussaint Bermol, notaire, et Nathalie Joseph Constance Descamps.
En 1831 le moulin appartenait à Philippe Joseph Laude marié à Béatrice Willot.
Il fut mis en vente en 1846 avec une brasserie, les deux usines ne formant qu’un seul corps. Il fut acquis en 1848 par Jean Baptiste Cacheux, brasseur à Potelle, époux de Joséphine Aglaé Sturbois. Il mourut en 1878 et son fils Albert Cacheux (1848 1918), maire de Potelle fut également brasseur, le moulin servant à la farine et au braye. En 1915 Maurice Caffiers acheta le moulin et la brasserie. L’activité cessa vers 1935.
Sur ce territoire la Rhonelle passe sous un ancien moulin ayant appartenu au domaine royal appelé le moulin de Lorgnies. En 1451 il est déjà fait mention d’un moulin à farine et d’un tordoir appartenant au duc de Bourgogne Philippe III le Bon.
Le moulin à blé est encore attesté en 1631, 1698 et en 1712 où il est intégré dans les lignes de l’armée d’investissement du Quesnoy. A cette date, il est offert à la famille de Valory, laquelle a permis la reconquête de la ville. (Source : Moulins en Avesnois de Claude Lompret et de Jérôme Chrétien Editions Makit).
Le moulin appartenant au roi, successeur des ducs de Bourgogne et comtes de Flandre fut vendu comme bien national le 28 mars 1797 à François Joseph Gérin, commissaire de district à Bavay. Cette vente semble porter sur la moitié du bien car l’autre partie appartenait déjà en 1796 à François Gossaux. Il appartint ensuite partiellement à François Joseph Bois époux de Marie Thérèse Delsart jusqu’en 1810 puis à ses héritiers pour le quart. Puis Benoit Cossiaux époux d’Emilie Luez en fut le propriétaire (cadastre de 1826). Le samedi 9 septembre 1856 un incendie éclata dans la grange, dépendance de la maison d’habitation du meunier et cultivateur François Lancel. Un ancien ouvrier Auguste Joseph Rebert avait mis volontairement le feu par vengeance. (Journal L’Observateur du 11/09/1856). Il fut condamné à la réclusion à perpétuité.
En 1895 le meunier s’appelait M Mouillez mais la propriétaire née Motte Marie Léonide Célina 1854 1905 est la veuve de Charles Lustremant notaire au Quesnoy 1841 1887 .
Le moulin avait deux roues par-dessus que les Allemands pendant la première guerre mondiale détruisirent. Il appartenait à cette date à Bruant Lustremant, militaire au Quesnoy.
Il devint en suite une cidrerie appartenant à Eugène Taquet Thierry puis à son fils Eugène Taquet Lelièvre, fabricant de cidre et marchand de fruits à Lorgnies en 1946. Les bâtiments organisés en L sont encore existants.
Le village d’Orsinval a connu cinq moulins, deux sur la Rhonelle et trois sur son affluent le ruisseau de l’Ange.
Le premier moulin que rencontre la Rhonelle à Orsinval est le moulin « brûlé » ainsi nommé en 1776 à la place de moulin du thilloit. Il est très ancien car le moulin du tilloit est cité dans des actes de 1408, 1460 et 1630. Il fut vendu comme bien national en 1797 à François Joseph Gérin qui le loua en 1801 à Jean Baptiste Berquet qui en était déjà le meunier en 1794.
En 1803, il fut acheté par Vincent Lenglet, marchand au Quesnoy à François Cosseaux, meunier à Lorgnies. Il servait aussi à moudre les grains pour les brasseries.
Il passa rapidement de mains en mains car en en 1826 il appartenait à Desquesnes et Lenglet Tinte puis en 1827 à la veuve de François Boy et en 1828 à son fils Antoine Boy. Ce dernier marié à Ursule Antoine, maire d’Orsinval, décéda en 1834 à l’âge de 39 ans. Il avait un valet meunier appelé Séraphin Lebrun. Dans une mise en vente le 17 août 1882 en l’étude de Maitre Lustremant, le moulin est connu sous le nom de moulin Boy. Il fut acquis par la suite par Benoit Fosse, médecin, puis vers 1893 par Michel Theilliez, meunier à Orsinval qui l’occupa avec sa sœur Thérèse et sa nièce Laetitia Carpentier.
Ce moulin était assorti d’une forte chute d’eau qui faisait 7 mètres de hauteur. Il était pourvu d’une machine à vapeur, avait trois paires de meules et était monté à l’anglaise. De nos jours il n’en reste plus que cette chute d’eau.
Le second et dernier moulin que la Rhonelle croise à Orsinval est un moulin semble-t-il reconstruit en 1842 par Louis Pillion, meunier dans cette localité. Il remplaçait un moulin que Jean Baptiste Lambour avait érigé en 1832 près de la grande route du Quesnoy à Valenciennes.
Il était alors élevé sur cinq étages et équipé de trois paires de meules.
En 1861 il appartenait à Charles Guisgand, banquier à Maubeuge qui tenta de le vendre en 1882 avant qu’il fusse acquis en 1890 par Joseph Victor Fardoux, meunier à Marly. Celui-ci dût le reconstruire suite à un incendie dans la nuit du 27 janvier 1901; il n’eut alors plus d’étage.
Alphonse Marchand et Julia Durieux le possédèrent ensuite et firent du fournil qui composait le moulin une boulangerie. Le bâtiment est encore visible.
A la limite des territoires d’Orsinval et de Villers-Pol, la Rhonelle reçoit de sa gauche le Ruisseau de l’Ange. Ce ruisseau prend sa source au Quesnoy près de la ligne de chemin de fer, quitte cette ville dans les Près du Roy et traverse Orsinval sur 1, 5 kilomètres où il faisait tourner quatre moulins, rien que çà !
Il y avait en amont un moulin à écorces construit en 1845 par Jean Baptiste Lambour et démoli quelques années après.
En 1856 Pierre Joseph Gosselin érigea face à ce moulin à écorces déjà disparu un moulin à farine et le vendit par la suite à Jean Baptiste Marchand, meunier. En 1910 le moulin ne fonctionnait déjà plus et il n’en reste aujourd’hui aucune trace.
Placide Marchand, meunier en 1809 à Villers-Pol, marié à Amélie Portier détenait en 1826 un moulin sur le ruisseau de l’Ange près de la ferme de la Folie. Il était érigé sur 1,18 ha et avait une chute de 6 mètres.
Le moulin restera dans la famille Marchand tout le XIX siècle puisqu’en 1895 l’un des fils de Placide, Alphonse °1832 +1902, le détenait encore avec ses deux fils Ferdinand et Jules, meuniers à Orsinval. Il sera le dernier de la commune à moudre du grain.
Dernier moulin sur le ruisseau de l’Ange, le moulin à trois paires de meule érigé en 1830 par Pierre Joseph Gosselin, celui qui érigera en 1856 le moulin évoqué ci-dessus. Le 15 novembre de cette année là, le moulin appartenant au meunier Casimir Hot fut saisi en exécution d’un jugement rendu par le tribunal civil d’Avesnes. Il fut adjugé à Jean Baptiste Masson qui fut déclaré en état de faillite le 24 août 1871. Acquis par Hilaire Sueur, celui-ci fut également mis en faillite en janvier 1882. Le moulin fut alors abandonné et n’existe plus de nos jours.
La Rhonelle continue son cours pour arriver à Villers Pol où elle faisait tourner trois moulins.
Nicolas Richard demanda en 1782 au bureau des finances de Lille un avis favorable pour l’établissement d’un moulin sur la Rhonelle. Il s’ensuivit alors un procès interminable entre le Sr Richard et le chapitre de Cambray, propriétaire d’un moulin en aval. Ce procès n’était pas encore terminé lorsque Nicolas Richard mourut le 8 décembre 1788. Ce fut sa veuve Marie Joseph Delsart qui vit tourner ce moulin dont la construction avait commencée en 1784. Elle loua ensuite le moulin en 1804 à Benoit Luez, son fils d’un premier mariage avec Nicolas Luez.
L’ordonnance royale de ce moulin fut signée le 9 juillet 1847 : la ventellerie était composée de trois vannes, chacune large de 1,05 m et il n’avait pas de déversoir.
A cette date il appartenait à Adélaïde Dupire °1782 +1869, la veuve de Benoit Luez décédé le 1er mai 1847. Elle fit construire un déversoir. Le propriétaire suivant se nomma Louis Lefebvre. Le 30 décembre 1880 le moulin prit feu. Les travaux étant considérables, il ne sera pas reconstruit. Il n’est que ruine de nos jours.
Nous avons évoqué plus haut un moulin appartenant au chapitre Métropolitain de Cambrai. Nicolas Richard °1739 +1788 que nous avons cité précédemment en était le meunier locataire.
En 1826 le moulin appartenait à Clément Luez, neveu de Benoit Luez. Il était né en 1788 et était déjà meunier en 1812 lors de son mariage avec Aldegonde Bureau. Il décéda en 1854 et le moulin passa entre les mains de la famille Carpentier : Placide Antoine °1787 + 1857 marié à Sophie Rousseau, puis son fils Théophile Louis Antoine °1822 +1889 marié en 1849 à Alcidie Carlier. Le moulin fut incendié en 1897 et tomba alors en ruine. Il fut ensuite racheté par Eugène Luez, gérant de fabrique à Solesmes qui y adjoignit en 1903 trois turbines pour y produire de l’électricité. Il fut endommagé pendant la guerre 14 18 et s’arrêta de fonctionner quelques années plus tard.
Le moulin avait une chute de 4 m et n’avait qu’une roue de 3,14 m de diamètre et de 1,60 m de largeur. La vanne moleresse était large de 1,5 m tandis que les trois vannes de décharge étaient manœuvrées, la centrale par un cric et les deux latérales par un levier.
Le troisième et dernier moulin de Villers Pol se situait « au fond de Paris ». Il fut construit vers 1831 par Nicolas Luez, frère de Clément, ce dernier s’étant d’ailleurs opposé à cette édification. Nicolas Luez mourut en 1839 et le moulin appartint ensuite à Auguste Caulet, cultivateur à Haspres, qui le loua à un dénommé Hion. Célestin Hébert °1808 +1871, agent de change au Quesnoy en fut le propriétaire suivant puis sa veuve Caroline Célestine Douay et ensuite jusqu’en 1925 Ernest Hébert ° 1860 +1939, leur fils, avoué à Saint-Omer.
Ce moulin à eau à farine possédait en 1860 deux jeux de meules anglaises et une machine à vapeur de 30 chevaux. Ses vannes étaient de 4 m de large et son déversoir de 3 m. En 1877, l’état de la ventellerie était en mauvais état et le moulin cessa son activité vers 1900. Il est de nos jours une habitation.
La Rhonelle traverse alors le dernier village de l’Avesnois : Maresches.
Là aussi trois moulins donnaient de l’activité à cette localité dont un, banal, qui appartenait au Chapitre de Cambrai.
Mais tout d’abord interressons nous au moulin Carpentier du nom de son propriétaire Philippe Carpentier qui demanda au Préfet le 17 novembre 1844 l’autorisation d’ériger un moulin à eau à farine ayant deux paires de meules et qui en obtint l’accord par arrêté préfectoral du 5 août 1848 avant un décret présidentiel du 27 février 1849 signé Louis Napoléon Bonaparte.
Il était composé de trois vannes de 93 cm de hauteur et d’un déversoir de 4 m.
En 1880 il fut mis en vente et était appelé le moulin du Gravier. Il fut converti dans les années 1910 en taillanderie (fabrique de fer : ciseaux, serpes, enclumes…). C’est aujourd’hui une habitation.
Le second moulin, le moulin à eau du Chapitre Métropolitain de Cambrai fut probablement vendu à la Révolution comme bien national et appartenait en 1809 à François Tendard marié en 1795 à Souain (Marne) avec Hélène Bisieau. En 1826 le moulin était détenu par le meunier Pierre Charles Sueur °1754 +1831, marié à Marie Michelle Malard, puis à leur fils Louis °1796 +1859 époux de Rosalie Cordier. A son tour leur fils Louis Julien marié en 1853 à Lidivine Françoise Adéline Regnier devint le meunier et le modernisa vers 1858.
Il fut converti en usine d’électricité vers 1900 puis en bonneterie jusqu’en 1972.
Le dernier moulin appelé moulin de la Bocal fut l’œuvre d’Euphroisine Bisiaux, veuve de Pierre Amand Hautcoeur, qui en janvier 1847 sollicita l’autorisation de construire un moulin sur la Rhonelle. Le préfet signa son arrêté d’autorisation le 11 février 1848 alors que le moulin fonctionnait déjà depuis le 15 août 1847. Le barrage se composait de quatre vannes de 1 m de large chacune et de 1,30 m de hauteur. Le déversoir faisait 4 m de large alors que les Ponts et Chaussées préconisaient 3 m. Par acte du 19 avril 1856 devant Me Lefebvre, Euphroisine Bisiaux vendit le moulin à Antoine Cirez , propriétaire à Macou près de Condé sur Escaut. Il le revendit le 10 novembre 1862 devant le même notaire à Philippe Joseph Lecaille, meunier à Artres puis à Maresches en 1864. Philippe Joseph Lecaille, veuf en premières noces de Françoise Belot, époux en secondes noces de Zoé Lebrun, originaire de Sepmeries décéda le 27 juillet 1887 à l’âge de 73 ans en sa demeure la Bocaille. Son beau frère Jean Baptiste Lebrun était le meunier en 1888. En 1890 Philippe Lecaille, fils de Philippe et de Françoise Belot marié à Prudence Delgrange, le remplaça. Il vendit le moulin vers 1899 à Augustin Decroué né en 1831, fils de Jean Baptiste et d’Agnès Buse. Il appartint ensuite à ses neveux Charles Aimé marié à Anna Guéry et Placide marié à Alcidie Maillet, lequel semblait le détenir seul en 1909. Il était à la fin du XX siècle la propriété de Francis Decroué petit fils de Placide.
Le moulin possède encore ses deux paires de meules qui ne fonctionnaient qu’une à la fois et qui furent remises en activité lors de la seconde guerre mondiale.