La Hantes ou Hante est une rivière qui prend naissance à la ferme d’Hurtau à Froidchapelle en Belgique, traverse en France Reugnies, hameau de Cousolre, et Bousignies-sur-Roc et rentre de nouveau en Belgique où elle conflue dans la Sambre à Labuissière dans la commune de Merbes-le-Château.
La Hantes appelée aussi au début du XIX siècle la rivière de Beaumont alimentait à Reugnies en l’An 9 une platinerie changée en 1822 en scierie de marbre que l’on aperçoit encore sur le plan ci-dessous de 1902.
Cadastre de Reugnies en 1902 avec la scierie et le moulin du Cataya ou Quettignies
Cette même rivière faisait tourner en 1839 une autre scierie de marbre détenue à l’époque par Constant Herbecq, médecin à Ferrière-la- Grande. Le négociant en marbre en 1858 était son frère Alexandre marié à Catherine Henaut. Ce couple eut un fils Alexandre marié à Catherine Joyeux qui en 1873 sollicita avec succès l’autorisation de remplacer la scierie par un moulin à farine, au lieu-dit Quetignies. Aucun changement au système de ventellerie et au moteur hydraulique n’était prévu. Il comprenait trois paires de meules dont deux à farine et la troisième pour concasser le seigle et le malt et une turbine de 20 chevaux.
En 1893 le tribunal de 1ère Instance d’Avesnes ordonna la faillite d’Alexandre Herbecq.
Le moulin fut acquis par Elie Brichant, meunier puis en 1895 par Victorien Nicolas Blanpain, propriétaire d’un autre moulin sur la Thure. Il fut incendié en 1962 et du moulin de Quettignies, il n’en reste que des ruines.
La Hantes sillonne maintenant le territoire de Bousignies-sur-Roc. Elle fit la gloire au XIX siècle de deux scieries de marbre, l’une au Petit Fayau, et l’autre au Terme du Mont.
Le moulin de Landignies :
Elle faisait déjà tourner en 1237 au hameau de Landignies un moulin à eau appartenant au Chapitre de Maubeuge. Cependant le droit de banalité avait fini par tomber en désuétude car on voit le Chapitre déclarer en 1713 que le moulin n’était pas banal. Dès 1640, les habitants de Cousolre se plaignaient de l’éloignement du moulin de Bousignies où ils devaient faire moudre leurs grains. Le Chapitre songeait alors à en ériger un à Cousolre mais les guerres des Pays-Bas l’empêchèrent de mettre à exécution ce projet.
En 1643 Antoine Delrue loua le moulin de Bousignies pour 3 ans, à charge d’y faire les réparations nécessaires ainsi qu’à la maison. Le rendage n’était que dix muids de blé par an à cause de la guerre entre l’Espagne et la France. En 1659 le bail était renouvelé à quatorze muids de blé. Le 31 mars 1749 le meunier de Bousignies et de Cousolre demandait une modération de son loyer à cause des frais occasionnés pour la construction du moulin de Cousolre; le Chapitre accordant alors une remise de 600 livres.
En 1713 la veuve de Jean Delrue , Marie Pouilliart 1659 1731 encouragée par le Chapitre, soutint un procès contre les « manants de Cousolre et de Bousignies » au sujet du droit de mouture sur les épeautres. La meunière prétendait lever d’abord la mouture pour « escoudre » le grain de la paille et prendre de nouveau la mouture pour convertir le grain en farine. Les habitants prétendaient ne donner mouture que pour la farine. De plus ils alléguaient que le droit de mouture ordinaire devait se prélever au vingtième et non au seizième. Le Chapitre répondit que le moulin n’étant pas banal, il pouvait ordonner de moudre au seizième. Par sentence de l’intendant du 28 juin 1714 les habitants furent déboutés de leur plainte. (Notice Historique sur la commune de Bousignies par A Jennepin page 32 et 33 Edition 1901).
Un des fils de Jean Delrue 1650 1709 et de Marie Pouilliart, Jacques Delrue 1690 1725 marié en 1717 à Marie Catherine Hénaut tenait le moulin à son décès.
Le 23 octobre 1741 le moulin fut loué par bail emphytéotique à Pierre Thomas qui avait épousé Marie Catherine Hénaut. Il avait à charge d’ériger un nouveau moulin à Cousolre, d’entretenir les portes du moulin de Bousignies et de relivrer le tout en bon état à la fin du bail, et en outre de payer chacune des quinze premières années quinze muids de blé et dix huit muids par an le reste du bail.
Le moulin fut brûlé en 1793. En 1797 Honoré Culhat, receveur à Solre-le-Château, l’acheta, le loua à Adrien Matague puis le vendit en 1809 à François Beaugrand de Solre-St-Géry (B). Dans l’acte de vente il est précisé que le moulin à eau à deux tournants comprenait également une scierie de marbre. Il s’agit de la scierie de marbre mentionnée ci-dessus située au Petit Fayau. En effet les deux bâtiments se faisaient face sur un bras de la Hantes selon le plan cadastral suivant :
Cadastre de 1828 avec la scierie n °291 et le moulin n° 522
François Beaugrand décéda en 1827 et laissa le moulin et la scierie à ses enfants. L’occupant était alors le meunier Alexandre Herbecq.
A partir de 1858 le moulin passa dans les mains d’Achille et d’Auguste Hennekinne suite à un don de Marie Catherine Hennebique, une des belles filles de François Beaugrand.
En 1870 Alexandre Herbecq fils occupa ce moulin et l’imposant établissement de marbrerie des frères Hennebique. Cet ensemble appartenait en 1901 à Jules Hennebique Anquet. La marbrerie fut démolie en 1937.
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La platinerie appelée aussi ferme de la scierie
Elle était implantée rue de la scierie. C’était avant tout un établissement sidérurgique servant à la fabrication de pièces d’acier plat.
La tenue des eaux de la platinerie Pécriaux :
« Le 31 mai 1790, dans l’assemblée de la municipalité, Louis Grillon expose que des plaintes multipliées s’élèvent chaque jour au sujet des inconvénients résultant de la hauteur immondice à laquelle on tient les eaux pour le service de la platinerie : soit à raison de l’impossibilité à laquelle se trouvent les laboureurs de passer au gué ordinaire; soit à raison de l’obstruction de la fontaine Roussèche, qui alimente la plus grande partie de la paroisse, soit à raison de l’inondation des prés communaux et des biens ecclésiastiques à présent confiés à l’administration de la municipalité, dont le fonds et le produit seront totalement perdus, etc, etc. Le procureur conclut de requérir, au nom de la commune, le propriétaire de la dite platinerie, d’avoir à présenter à la municipalité les titres et pièces qui l’ont autorisé à construire son établissement et notamment celle qui a déterminé et fixé la hauteur à laquelle il doit tenir le courant d’eau. Le procureur ajoute qu’il est de notoriété publique qu’on place sur le déversoir, à l’aide de rainures, pratiquées dans les montants, un ou plusieurs rangs de planches, qui élèvent encore le niveau de l’eau. En conséquence, il requiert que sommation soit faite au propriétaire de la platinerie de supprimer aussitôt et dans le jour les dites rainures et qu’il lui soit défendu de placer à l’avenir aucune planche ou autre chose capable de faire monter l’eau au dessus du niveau du déversoir. Et pour éviter toute difficulté, il propose de faire planter à l’endroit le plus apparent de la rivière une borne sur laquelle sera marquée la hauteur à laquelle l’eau se trouvera refoulée par le déversoir de la platinerie; on vérifiera deux fois, toutes les vingt quatre heures la hauteur de l’eau à cette borne. L’assemblée municipale, réunie de nouveau le 4 juin 1790 prit la résolution suivante : elle prend en considération le réquisitoire du procureur de la commune et après mûres réflexions délibère qu’il sera donné communication du réquisitoire au propriétaire de la platinerie pour qu’il ait à soumettre les pièces dont il s’agit, sous huitaine, au greffe de la municipalité, sous récépissé du greffier, pour être examinées avec injonction de supprimer provisoirement et dans le jour de la signification qui lui sera faite de la présente délibération toutes planches et généralement tout ce qui peut gêner le courant d’eau et l’élever eu dessus du déversoir de la platinerie. Le même jour Nicolas Deroyer, garde messier de Bousignies signifie le réquisitoire et la délibération de la municipalité au sieur Pecqueriaux (Pécriaux) avec ordre de s’y confirmer. Ce dernier n’ayant tenu aucun compte de cette sommation ,le 18 juin, vers une heure et demi de relevée, le maire, les officiers municipaux, les notables et une grande partie de la population se transportèrent à la platinerie, où ils rencontrèrent le sieur Pecqueriaux , propriétaire de l’usine. Il fut constaté en sa présence que les haussettes qu’il avait placées tenaient les eaux à environ seize pouces de Hainaut (0m469) au dessus du niveau du déversoir. Sommé de faire enlever ces haussettes, Pecqueriaux s’y refusa. Alors le maire ordonna à Joseph Ducarne, charpentier, de procéder à cet enlèvement. Les huit pièces composant le système d’exhaussement furent déposées au greffe de la mairie. » (Notice Historique sur la commune de Bousignies A Jennepin Edition 1901 page 43 et 44).
L’endroit deviendra vers 1880 une scierie de marbre appelée scierie d’En-bas. Le débit de la Hantes est ici contrôlée par des vannes à pierres crochetées et corsetées d’acier plat. Les bâtiments sont sur deux niveaux.